Insuffisance rénale aiguë : Diagnostic Infirmier & Plan de Soins

Utilisez ce plan de soins infirmiers comme guide pour la prise en charge des patients atteints d’insuffisance rénale aiguë (IRA). Vous y trouverez les bases de l’évaluation infirmière, des interventions, des objectifs et du diagnostic spécifiques à cette pathologie.

Qu’est-ce que l’insuffisance rénale aiguë ?

L’insuffisance rénale aiguë (IRA), également appelée lésion rénale aiguë (LRA), correspond à une perte soudaine de la fonction des reins.

  • Le débit de filtration glomérulaire (DFG) chute en quelques heures à quelques jours.
  • Cette chute s’accompagne souvent d’une augmentation de la créatinine sérique et de l’azote uréique (BUN).
  • Cependant, juste après la lésion, ces taux peuvent rester normaux ; le premier signe peut être une diminution de la production d’urine.

Si elle n’est pas traitée rapidement, l’IRA peut évoluer vers une insuffisance rénale chronique.

Les types d’insuffisance rénale aiguë

  • IRA prérénale : causée par une diminution du volume sanguin ou une hypotension sévère, avec des reins structurellement normaux.
  • IRA intrinsèque : due à des lésions directes du rein (toxiques, ischémiques ou inflammatoires), entraînant des dommages structurels et fonctionnels.
  • IRA postrénale : causée par une obstruction du passage de l’urine, comme une obstruction des voies urinaires.

Incidence et manifestations de l’insuffisance rénale aiguë (IRA)

  • L’IRA touche environ 100 personnes par million d’habitants chaque année aux États-Unis.
  • Elle est diagnostiquée chez 1 % des patients hospitalisés et se développe dans environ 1 % des interventions chirurgicales générales.
  • En soins intensifs, plus de 50 % des patients peuvent présenter une IRA.

Symptômes et signes cliniques

  • Beaucoup de patients atteints d’IRA ne présentent aucun symptôme et le diagnostic se fait souvent grâce à une analyse sanguine de routine.
  • Selon la gravité et la durée de l’IRA, des symptômes peuvent apparaître :
    • Hypertension et œdèmes
    • Diminution du débit urinaire
    • Essoufflement
    • Anorexie et nausées
    • Troubles du sommeil
    • Altération de l’état mental

Pronostic

Le pronostic dépend principalement de :

  • La cause de l’IRA
  • La présence ou non d’une maladie rénale préexistante
  • La durée de la dysfonction rénale avant le début du traitement

Plans de soins infirmiers et prise en charge

Le plan de soins infirmiers pour l’IRA vise à :

  • Favoriser la fonction rénale et corriger toute cause réversible
  • Surveiller et gérer les déséquilibres hydriques et électrolytiques
  • Optimiser la nutrition adaptée à l’état du patient
  • Assurer la sécurité des médicaments et éviter les substances néphrotoxiques
  • Soutenir le bien-être émotionnel du patient Informer le patient sur les soins personnels et la prévention de futures lésions rénales

Priorités en soins infirmiers – Insuffisance rénale aiguë (IRA)

  1. Évaluer et surveiller la fonction rénale : suivi du débit urinaire, créatinine et azote uréique.
  2. Gérer l’équilibre hydrique et électrolytique : prévention de la surcharge ou de la déshydratation.
  3. Identifier et traiter la cause sous-jacente : prérénale, intrinsèque ou postrénale.
  4. Prévenir et gérer les complications : déséquilibres électrolytiques, acidose métabolique, surcharge hydrique.
  5. Maintenir la stabilité hémodynamique : contrôle de la pression artérielle et surveillance cardiovasculaire.
  6. Éduquer le patient : soins personnels, respect des traitements et suivi des recommandations médicales.

Évaluation infirmière – Signes et symptômes à surveiller

Symptômes subjectifs :

  • Fatigue et faiblesse
  • Essoufflement ou difficulté à respirer
  • Nausées, vomissements, perte d’appétit
  • Douleurs ou gêne abdominales
  • Confusion ou altération de l’état mental

Signes objectifs :

  • Diminution du débit urinaire ou oligurie
  • Œdème des mains, pieds ou visage
  • Hypertension ou rythme cardiaque irrégulier
  • Signes de surcharge liquidienne

Facteurs liés à la cause de l’IRA

  • Déséquilibre hydrique : surcharge ou déficit liquidien (pertes ou perfusions excessives)
  • Déséquilibre électrolytique et acidose : potassium, calcium, acidose sévère
  • Effets urémiques : impact sur le muscle cardiaque et l’oxygénation
  • Catabolisme et besoins métaboliques accrus : restrictions alimentaires pour réduire les déchets azotés
  • Symptômes digestifs : anorexie, nausées, vomissements, ulcérations buccales
  • Dépression immunitaire secondaire : augmentation du risque infectieux

Diagnostic infirmier – Insuffisance rénale aiguë (IRA)

Après une évaluation complète, l’infirmier(ère) établit un diagnostic infirmier pour répondre aux besoins spécifiques liés à l’IRA.

  • Ce diagnostic repose sur le jugement clinique et la compréhension de l’état particulier du patient.
  • Les labels de diagnostic servent de cadre pour organiser les soins, mais l’expertise et le jugement clinique déterminent les interventions prioritaires et adaptées aux besoins du patient.

Objectifs infirmiers (résultats attendus)

Fonction urinaire et bilans biologiques :

  • Débit urinaire approprié et analyses de laboratoire proches de la normale
  • Absence d’œdème et poids stable

Fonction cardiovasculaire :

  • Maintien d’une pression artérielle et d’un rythme cardiaque dans les limites normales
  • Pouls périphériques forts et égaux, temps de remplissage capillaire adéquat

Équilibre hydrique et électrolytique :

  • Bon équilibre entre apports et pertes de liquides
  • Turgescence cutanée normale, muqueuses humides
  • Signes vitaux stables
  • Équilibre électrolytique préservé

Prévention des complications :

  • Absence d’infection ou autres complications liées à l’IRA

Interventions infirmières et conduite à tenir en cas d’insuffisance rénale aiguë

Objectifs des soins infirmiers

Les objectifs principaux sont de :

  • Préserver la fonction rénale en identifiant et traitant les causes réversibles.
  • Maintenir l’équilibre hydrique et électrolytique, en particulier le potassium, le sodium et le calcium.
  • Prévenir les complications telles que l’hyperkaliémie, l’acidose métabolique, les infections et la surcharge liquidienne.
  • Assurer un suivi clinique rigoureux pour adapter les traitements en fonction de l’évolution de l’état du patient.

Évaluation clinique

L’infirmier(ère) doit surveiller :

  • Les signes vitaux : tension artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, température.
  • La diurèse : mesurer précisément les apports et les sorties, en particulier la diurèse horaire.
  • Les signes de surcharge liquidienne : œdèmes, distension jugulaire, crépitants pulmonaires, prise de poids rapide.
  • Les paramètres biologiques : créatinine sérique, urée, électrolytes (notamment le potassium), gaz du sang (pH, bicarbonates).
  • L’état neurologique : vigilance, orientation, signes de confusion ou d’agitation.
  • Les signes d’infection : température, leucocytose, signes cliniques locaux (par exemple, douleur lombaire, dysurie).

Interventions infirmières

1. Gestion de l’équilibre hydrique et électrolytique

    • Surveiller les bilans hydriques et les signes de surcharge ou de déshydratation.
    • Administrer des diurétiques ou des solutions intraveineuses selon les prescriptions médicales.
    • Restreindre l’apport liquidien si nécessaire, en fonction de la diurèse et de l’état clinique.

    2. Prévention et gestion des complications

    • Identifier et traiter les causes réversibles de l’IRA (hypotension, hypovolémie, obstructions urinaires, néphrotoxicité).
    • Éviter l’administration de médicaments néphrotoxiques (par exemple, AINS, certains antibiotiques) sans avis médical.
    • Surveiller et traiter l’hyperkaliémie : limiter les apports en potassium, administrer des résines échangeuses d’ions ou envisager une dialyse si nécessaire.

    3. Soins de soutien

    • Fournir un soutien nutritionnel adapté : régime pauvre en sodium, en potassium et en protéines, selon les recommandations diététiques.
    • Assurer un confort optimal : gestion de la douleur, prévention des escarres, hygiène buccale.
    • Encourager la mobilisation précoce pour prévenir les complications liées à l’immobilisation.

    4. Éducation du patient et de la famille

    • Expliquer la pathophysiologie de l’IRA et les objectifs du traitement.
    • Informer sur les signes d’alerte nécessitant une consultation médicale urgente (par exemple, diminution de la diurèse, œdèmes, confusion).
    • Conseiller sur les modifications du mode de vie : alimentation, hydratation, suivi médical régulier.

    Conduite à tenir

    • Communication avec l’équipe soignante : transmettre toute évolution clinique significative ou modification des paramètres biologiques.
    • Suivi rigoureux : adapter les interventions en fonction de l’évolution de l’état du patient et des résultats des examens complémentaires.
    • Planification de la sortie : préparer le patient à la sortie en assurant un suivi approprié, une éducation à la santé et une coordination avec les services externes si nécessaire.