Infection des voies urinaires : Diagnostic Infirmier & Plan de soins

Utilisez ce plan de soins infirmiers comme guide pour comprendre la prise en charge des patients atteints d’infections urinaires. Vous y trouverez les bases de l’évaluation infirmière, les interventions adaptées, les objectifs de soins et les diagnostics infirmiers, afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes concernées.

Qu’est-ce qu’une infection urinaire ?

Les infections des voies urinaires (IVU) sont des infections causées par des microbes (souvent des bactéries) qui touchent les reins, la vessie ou l’urètre. On parle d’IVU lorsqu’on retrouve une quantité importante de bactéries dans les urines, associée à des symptômes comme ceux de la cystite (infection de la vessie) ou de la pyélonéphrite (infection des reins). Ces infections sont très fréquentes : environ 20 % des femmes en auront au moins une dans leur vie.

La majorité des infections urinaires sont provoquées par la bactérie Escherichia coli (E. coli), qui vit normalement dans l’intestin. D’autres bactéries peuvent aussi être en cause, comme Staphylococcus saprophyticus, Proteus mirabilis, Klebsiella pneumoniae ou Enterococcus faecalis.

Normalement, les bactéries qui entrent dans le système urinaire sont éliminées naturellement par l’organisme. Mais parfois, elles arrivent à résister aux défenses immunitaires et déclenchent une infection. Certaines bactéries dites uropathogènes ont même des capacités particulières (adhérer aux tissus, se multiplier, résister aux défenses naturelles) qui leur permettent d’infecter plus facilement les voies urinaires.

Les infections urinaires peuvent toucher les voies urinaires inférieures ou supérieures.

  • Une infection de l’urètre = urétrite.
  • Une infection de la vessie = cystite.
  • Quand les bactéries remontent vers les reins via les uretères, cela provoque une pyélonéphrite.

En général, une infection urinaire non compliquée concerne seulement la vessie. On parle d’infection urinaire compliquée quand il existe des troubles métaboliques, des anomalies anatomiques ou fonctionnelles qui gênent l’écoulement normal des urines, ou encore lorsqu’elle est causée par des bactéries inhabituelles. Ces situations augmentent le risque d’échec du traitement.

Signes et symptômes fréquents d’une infection urinaire

  • Douleur ou brûlures à la miction (dysurie)
  • Besoin urgent et fréquent d’uriner
  • Sensation de pesanteur ou gêne dans le bas-ventre
  • Douleur sus-pubienne, douleurs dans les flancs
  • Sensibilité au niveau des reins (angle costo-vertébral)
  • Présence de sang dans les urines (hématurie)
  • Fièvre, frissons, malaise général

Plan de soins infirmiers et prise en charge

Le plan de soins pour les infections urinaires vise à :

  • Soulager la douleur et l’inconfort du patient
  • Expliquer les mesures de prévention et le traitement
  • Surveiller et gérer les complications éventuelles

L’infirmier(ère) veille à ce que le patient reçoive un traitement adapté, un suivi régulier et des conseils de prévention afin de limiter les risques de récidive.

Priorités en soins infirmiers pour un patient atteint d’infection urinaire (IVU)

  1. Soulager la douleur
  2. Améliorer la fonction urinaire
  3. Évaluer l’état du patient

Évaluation infirmière

Signes et symptômes à observer (subjectifs et objectifs) :

  • Brûlures ou douleur à la miction (dysurie)
  • Grimaces, posture défensive ou réduction des activités
  • Spasmes dans le bas du dos ou au niveau de la vessie
  • Urines fréquentes, urgentes ou difficiles à commencer (hésitation)
  • Fièvre (température corporelle ↑)
  • Rougeur et chaleur de la peau
  • Augmentation de la fréquence respiratoire
  • Tachycardie
  • Répétition de questions ou absence d’interrogations (signe de confusion ou d’inconfort)
  • Infections urinaires récurrentes
  • Informations inexactes données par le patient (manque de connaissances)

Facteurs liés à la cause d’une IU

  • Inflammation et infection des voies urinaires (urètre, vessie, etc.)
  • Mictions fréquentes, urgentes ou hésitantes
  • Réactions inflammatoires liées au processus infectieux
  • Augmentation du métabolisme (fièvre)
  • Effet des endotoxines sur l’hypothalamus (cause de l’élévation thermique)
  • Méconnaissance par le patient de la maladie et de son traitement

Diagnostic infirmier

Après l’évaluation du patient, l’infirmier(ère) formule un diagnostic infirmier pour cibler les problèmes liés à l’infection urinaire.

Ce diagnostic repose sur :

  • le jugement clinique de l’infirmier(ère),
  • la compréhension de l’état de santé du patient,
  • et les besoins spécifiques de chaque situation.

À retenir : dans la pratique clinique, les étiquettes de diagnostic infirmier (NANDA, par ex.) servent de cadre, mais l’essentiel reste l’expertise et le jugement clinique pour organiser des soins adaptés aux priorités du patient.

Objectifs infirmiers (résultats attendus)

Le patient devra être capable de :

  • Utiliser des moyens médicamenteux et non médicamenteux pour soulager la douleur.
  • Déclarer une douleur contrôlée et inférieure à 3–4/10 sur l’échelle numérique.
  • Déclarer l’absence de douleur après traitement.
  • Retrouver un rythme urinaire normal, sans urgence, brûlures ni oligurie.
  • Mettre en pratique des mesures de prévention contre les infections urinaires.
  • Vider complètement sa vessie, soit naturellement, soit avec un cathéter si nécessaire.
  • Maintenir une température corporelle normale, sans fièvre ni frissons.

Interventions infirmières et conduite à tenir – Infections urinaires (IVU)

1. Soulagement de la douleur

  • Évaluer la douleur : intensité, qualité (brûlure, crampes), localisation (vessie, flancs).
  • Appliquer des mesures non pharmacologiques : compresse chaude (zone sus-pubienne ou lombaire), relaxation, techniques de distraction.
  • Administrer les antalgiques ou antispasmodiques prescrits, selon les protocoles (ex : AINS, phénazopyridine selon indication).
  • Encourager l’hydratation : si aucun contre-indication, favoriser l’apport hydrique (2 à 3 L/jour) pour diluer les urines et favoriser le “lavage” des bactéries.

2. Favoriser l’élimination urinaire efficace

  • Surveiller les habitudes mictionnelles : fréquence, urgence, volume (input/output).
  • Encourager la miction régulière, toutes les 2 à 3 heures si possible, pour éviter la stagnation urinaire.
  • Assurer une bonne hygiène périnéale : lavage doux (du devant vers l’arrière chez la femme), éviter les bains prolongés, encourager les douches.
  • Limiter les facteurs irritants : caféine, alcool, boissons gazeuses, épices — ce sont des facteurs pouvant irriter la vessie.
  • Éviter ou limiter l’usage des sondes urinaires si possible — quand leur utilisation est nécessaire, respecter les normes d’asepsie rigoureuse.

3. Surveillance et suivi clinique

  • Suivi des constantes vitales : température (fièvre), pouls, tension, fréquence respiratoire.
  • Surveillance de l’urine : couleur, aspect (turbidité, sang), odorat, volume.
  • Contrôle biologique et examens urinaires : ECBU (analyse d’urine + culture), hémogramme si besoin, fonction rénale (urée/créatinine) selon situation clinique.
  • Surveillance des signes de complications : douleur rénale, fièvre persistante, signes de sepsis, altération de l’état général.

4. Administration des traitements

  • Respect des prescriptions antibiotiques : dose, voie, horaires.
  • Vérification des interactions médicamenteuses et des contre-indications.
  • Faire adhérer le patient au traitement complet, même si les symptômes diminuent rapidement.
  • Éventuelle thérapie adjuvante : antispasmodiques, analgésiques, selon indication médicale.

5. Éducation du patient et prévention

  • Informer le patient et/ou l’entourage sur les causes, le mécanisme d’infection, les signes à surveiller.
  • Expliquer les mesures préventives : boire suffisamment, uriner en temps utile, bonne hygiène, uriner après les rapports sexuelles, éviter les sous-vêtements serrés ou en matière synthétique.
  • Sensibiliser à l’importance de terminer le traitement antibiotique, même si les symptômes disparaissent.
  • Donner des supports d’information (flyers, fiches) pour que le patient puisse relire chez lui.

6. Repos, confort et soutien psychologique

  • Encourager le repos suffisant, limiter les activités physiques intenses le temps de la phase aiguë.
  • Offrir un soutien émotionnel, écouter les peurs, les questions — renforcer la confiance dans les soins.

Conclusion

Les infections urinaires représentent une pathologie fréquente mais souvent bénigne si elles sont prises en charge rapidement. Pour l’infirmier(ère), il est essentiel d’assurer une évaluation rigoureuse, d’appliquer les interventions adaptées et d’accompagner le patient dans la prévention des récidives. Grâce à une bonne connaissance des protocoles, des traitements et des mesures d’hygiène, les étudiants et professionnels de santé peuvent améliorer la qualité des soins et garantir la sécurité des patients.