Hémorroïdes : Diagnostic Infirmier & Plan de Soins

Ce guide te permet de mieux comprendre comment évaluer, diagnostiquer et intervenir auprès des patients souffrant d’hémorroïdes, en fixant des objectifs adaptés à leurs besoins.

I. Qu’est-ce que les hémorroïdes ?

Les hémorroïdes sont des veines dilatées situées dans la région anale.

  • Les hémorroïdes internes apparaissent quand les veines à l’intérieur du canal anal (plexus supérieur) se dilatent.
  • Les hémorroïdes externes apparaissent quand ce sont les veines proches de l’anus (plexus inférieur) qui se dilatent. Elles sont souvent liées à une augmentation de la pression veineuse, par exemple lors de la constipation ou d’efforts répétés.

Les différents stades :

    • 1er degré : démangeaisons, souvent dues à une hygiène anale difficile.

    • 2ème degré : indolores, elles sortent lors de la défécation mais rentrent spontanément.

  • 3ème degré : gêne constante, elles « sortent » et doivent être remises manuellement car elles ne rentrent plus seules.

II. Priorités de soins infirmiers chez un patient atteint d’hémorroïdes

Lors de la prise en charge d’un patient souffrant d’hémorroïdes, les objectifs principaux sont :

 

  • Soulager la douleur et l’inconfort liés aux hémorroïdes.
  • Réduire l’inflammation et le gonflement des tissus concernés.
  • Assurer une bonne hygiène locale afin de prévenir les infections.
  • Surveiller et gérer les saignements éventuels.
  • Éduquer le patient sur l’alimentation et l’hygiène de vie pour limiter la constipation et les efforts à la défécation.
  • Donner des informations sur l’usage possible de traitements topiques (crèmes, suppositoires) pour diminuer les symptômes.
  • Conseiller l’utilisation de bains de siège pour calmer la douleur.
  • Encourager une alimentation riche en fibres et une bonne hydratation pour favoriser des selles souples.
  • Expliquer les options de traitements mini-invasifs ou chirurgicaux dans les cas sévères ou persistants.
  • Planifier des consultations de suivi afin d’adapter le plan de soins si nécessaire.

III. Diagnostic infirmier – Hémorroïdes

Après une évaluation complète, l’infirmier(ère) peut formuler plusieurs diagnostics infirmiers pour guider la prise en charge. Ces diagnostics varient selon le contexte clinique et la situation du patient, mais ils permettent de prioriser les besoins et d’organiser efficacement les soins. L’expertise et le jugement clinique de l’infirmier(ère) restent essentiels pour adapter le plan de soins.

 

Voici quelques exemples de diagnostics infirmiers possibles :

 

  • Douleur aiguë liée à l’irritation et à l’inflammation des tissus rectaux, se manifestant par des douleurs lors de la défécation et un comportement de défense.
  • Altération de l’intégrité cutanée due aux efforts de défécation, avec démangeaisons, brûlures ou présence d’hémorroïdes externes.
  • Constipation associée à un apport insuffisant en fibres ou en liquides, se traduisant par des selles dures et un besoin de forcer.
  • Risque de saignement en raison de la fragilité et de l’engorgement des veines hémorroïdaires.
  • Manque de connaissances concernant la prévention et la prise en charge, illustré par les questions du patient sur l’alimentation ou l’hygiène de vie.
  • Anxiété face à la douleur anticipée lors de la défécation, entraînant peur ou réticence à aller à la selle.
  • Image corporelle perturbée liée au sentiment de gêne, pouvant provoquer un évitement social ou une difficulté à parler des symptômes.

IV. Objectifs infirmiers – Hémorroïdes

Les objectifs de soins infirmiers visent à soulager les symptômes, prévenir les complications et améliorer la qualité de vie du patient. Les résultats attendus peuvent inclure :

 

  • Le patient garde une peau intacte, sans prolapsus rectal ni saignement.
  • Les hémorroïdes sont réduites ou éliminées.
  • Aucun signe d’hémorroïdes thrombosées ou de saignement rectal n’est observé.
  • L’hémogramme du patient reste normal, sans anémie.
  • Le patient exprime une bonne compréhension des causes, de la prévention et des moyens de soulagement.
  • Les hémorroïdes enflées diminuent de taille, avec une réduction de la douleur.
  • Le patient tolère les examens ou traitements nécessaires sans complication.

V. Interventions et mesures infirmières – Hémorroïdes

La prise en charge infirmière vise à soulager la douleur, améliorer le confort du patient et prévenir les complications. Les interventions incluent :

 

  • Évaluer la présence d’hémorroïdes, l’intensité de la douleur, le régime alimentaire, l’hydratation et la constipation afin d’adapter le plan de soins.
  • Informer le patient sur le type d’hémorroïdes (internes ou externes), le degré de thrombose, les complications possibles (ex. saignements) et les facteurs de risque pour favoriser sa compréhension et sa coopération.
  • Améliorer l’intégrité de la peau périanale par une hygiène adaptée et des soins locaux.
  • Mettre à disposition un coussin en forme de “beignet” pour réduire la pression lors de la position assise (tout en surveillant l’apparition de zones de pression).
  • Administrer les traitements topiques prescrits (crèmes, pommades, suppositoires) pour réduire l’inflammation, la douleur et les démangeaisons.
  • Donner les laxatifs prescrits afin d’éviter les efforts de défécation, prévenir la rupture de vaisseaux fragiles et limiter la douleur liée au passage de selles dures.

VI. Aide aux procédures de traitement des hémorroïdes

En plus des soins de confort, l’infirmier(ère) peut accompagner le patient dans la préparation, la surveillance et l’information autour des traitements médicaux ou chirurgicaux.

Procédures possibles :

  • Sclérothérapie : injection d’un produit (ex. quinine-urée) dans les vaisseaux hémorroïdaires pour les détruire et permettre leur réabsorption.
  • Ligature élastique : pose d’un anneau autour de la base de l’hémorroïde, entraînant sa nécrose et sa chute.
  • Chirurgie au laser : option parfois utilisée, mais le soulagement n’est pas immédiat.
  • Hémorroïdectomie : intervention chirurgicale réalisée dans les cas sévères (hémorroïdes internes avec prolapsus ou combinées internes/externes). Elle apporte un soulagement rapide, mais comporte un risque de cicatrices et complications → utilisée en dernier recours.

VII. Rôle infirmier et éducation du patient :

  • Informer le patient et sa famille sur les causes (constipation, efforts de poussée, charges lourdes, obésité, grossesse…).
  • Expliquer les examens nécessaires : anoscopie, sigmoïdoscopie, voire coloscopie pour exclure d’autres pathologies.
  • Donner des conseils alimentaires : augmentation des fibres, de l’hydratation et des fruits/légumes pour ramollir les selles.
  • Présenter l’intérêt des agents gonflants (psyllium, laxatifs de lest) qui facilitent l’évacuation.
  • Proposer des mesures de confort : coussin en “beignet”, bains de siège chauds, suppositoires ou crèmes anesthésiantes pour soulager la douleur.

VIII. Restauration de la fonction intestinale et prise en charge de la constipation

La constipation est un problème fréquent, aggravé par la douleur, la sédentarité, certains médicaments ou encore le vieillissement. Chez les patients souffrant d’hémorroïdes, une surveillance rigoureuse et des mesures adaptées sont essentielles pour éviter les complications.

Évaluation infirmière :

  • Identifier les habitudes intestinales, le mode de vie, l’alimentation, les antécédents de constipation et la présence d’hémorroïdes douloureuses.
  • Évaluer la fréquence et l’aspect des selles, la présence de douleurs, de gaz, de distension abdominale ou d’efforts de poussée.
  • Ausculter les bruits intestinaux : un bruit aigu peut évoquer une complication (iléus).
  • Surveiller l’apport hydrique et alimentaire (au moins 2 L d’eau/jour + fibres). Noter les douleurs abdominales, syncopes, douleurs thoraciques ou signes neurologiques → prévenir le médecin en cas d’alerte.
  • Contrôler la présence de saignements rectaux liés aux efforts de poussée.
  • Observer les médicaments pris (antalgiques, diurétiques, anticholinergiques, etc.) pouvant favoriser la constipation.

Interventions infirmières :

  • Encourager un régime riche en fibres (céréales complètes, pain, fruits, légumes).
  • Favoriser une bonne hydratation.
  • Prescrire ou administrer des laxatifs, suppositoires ou lavements si nécessaire.
  • Conseiller une activité physique adaptée pour stimuler le péristaltisme et renforcer les muscles abdominaux.
  • Informer le patient sur les mesures de prévention (éviter les efforts excessifs, reconnaître les signes d’alerte)

IX. Conclusion

En résumé, la prise en charge des hémorroïdes et de la constipation repose sur une évaluation complète, des interventions ciblées et des conseils adaptés au patient. Les soins infirmiers jouent un rôle central pour soulager la douleur, prévenir les complications et restaurer une fonction intestinale optimale. En combinant mesures hygiéniques, modifications alimentaires, soutien psychologique et interventions thérapeutiques, l’infirmier contribue à améliorer le confort et la qualité de vie du patient tout en favorisant une récupération efficace et durable.