Ce guide de soins infirmiers a pour objectif d’aider les étudiants en santé et les professionnels à mieux comprendre la prise en charge de l’asthme. Vous y trouverez des informations essentielles sur l’évaluation infirmière, les objectifs de soins, les interventions adaptées et les diagnostics infirmiers spécifiques à cette pathologie.
Qu’est-ce que l’asthme ?
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires. Elle se caractérise par une hyperréactivité bronchique, un œdème de la muqueuse et une production excessive de mucus. Ces phénomènes entraînent des épisodes récurrents de :
- toux,
- oppression thoracique,
- respiration sifflante,
- dyspnée (difficultés à respirer).
C’est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes, touchant environ 26 millions de personnes aux États-Unis, et elle est la maladie chronique la plus courante chez les enfants.
Facteurs de risque et déclencheurs
Les principaux facteurs de risque incluent :
- les antécédents familiaux,
- les allergies,
- l’exposition répétée à des irritants ou allergènes (pollens, moisissures, poussières, poils d’animaux).
Certains éléments peuvent aussi déclencher ou aggraver une crise d’asthme, comme :
- l’exercice physique,
- le stress ou les émotions fortes,
- les infections respiratoires,
- certains médicaments,
- le reflux gastro-œsophagien.
Mécanisme physiopathologique
Lorsqu’un irritant ou un allergène est inhalé, les bronches réagissent par une inflammation et une surproduction de mucus. Cela augmente la résistance des voies respiratoires, surtout à l’expiration, rendant la respiration plus difficile. Sans prise en charge rapide, l’asthme peut devenir plus sévère et difficile à contrôler, car le mucus et l’inflammation obstruent encore davantage les voies respiratoires.
Plans de soins infirmiers et gestion de l’asthme
La prise en charge infirmière des patients asthmatiques dépend de la gravité des symptômes.
- Pour les cas légers, un traitement ambulatoire peut suffire.
- Pour les cas aigus ou graves, une hospitalisation est souvent nécessaire.
L’asthme étant une maladie qui provoque de la dyspnée (difficulté à respirer), il peut générer peur et anxiété chez les patients et leurs proches. Il est donc essentiel d’adopter une approche calme et rassurante.
Surveillance et évaluation infirmière
L’évaluation repose sur :
- l’observation des symptômes respiratoires,
- l’auscultation des bruits pulmonaires,
- la mesure du débit expiratoire de pointe,
- l’oxymétrie de pouls (saturation en O₂),
- les signes vitaux (pouls, tension, fréquence respiratoire).
Interventions infirmières courantes
- Recueillir les antécédents d’allergies et vérifier les médicaments actuels.
- Administrer les médicaments prescrits (bronchodilatateurs, corticoïdes, etc.) et surveiller leur efficacité.
- Fournir un apport hydrique suffisant si nécessaire.
- Préparer et assister à l’intubation et ventilation mécanique en cas d’insuffisance respiratoire sévère.
- Maintenir une communication claire et rassurante avec le patient et sa famille tout au long de la prise en charge.
Priorités infirmières pour l’asthme
- Améliorer le schéma respiratoire et les échanges gazeux.
- Maintenir la perméabilité des voies respiratoires et réduire l’inflammation.
- Assurer l’administration des traitements prescrits et le suivi pharmacologique.
- Prévenir les exacerbations (éducation et prévention des facteurs déclencheurs).
- Réduire l’anxiété du patient et favoriser son adaptation.
- Favoriser le repos et la conservation de l’énergie.
- Éduquer le patient sur la gestion de son asthme et les principes d’hygiène de vie.
Évaluation infirmière – Asthme
Lors de la prise en charge d’un patient asthmatique, l’infirmier(ère) doit identifier les signes cliniques subjectifs (ce que le patient ressent) et objectifs (ce que l’on observe ou mesure).
Données subjectives et objectives à évaluer :
- Gaz du sang anormaux : hypoxie (manque d’oxygène), hypercapnie (excès de CO₂).
- Bruits pulmonaires adventices : sifflements, ronflements.
- Modification de la respiration : fréquence, rythme, expiration prolongée.
- Signes vitaux altérés (fréquence cardiaque, tension, saturation en O₂).
- Oppression thoracique rapportée par le patient.
- Toux persistante ou inefficace.
- Cyanose (coloration bleutée des lèvres ou des extrémités).
- Dyspnée (y compris orthopnée : gêne respiratoire en position allongée).
- Incapacité à éliminer les sécrétions.
- Utilisation des muscles accessoires (épaules, cou) pour respirer.
- Ailerons nasaux (mouvements visibles lors de l’inspiration).
- Confusion ou perte de conscience dans les cas graves.
Facteurs liés aux causes de l’asthme :
- Gonflement et spasme des bronches déclenchés par :
- des irritants inhalés (fumée, pollution, allergènes),
- une infection respiratoire,
- certains médicaments,
- des allergies.
- Sécrétions bronchiques excessives et épaisses.
- Œdème muqueux (inflammation de la muqueuse bronchique).
- Bronchospasme entraînant une obstruction des voies respiratoires.
- Toux inefficace empêchant l’expulsion des sécrétions.
- Dans les cas graves, atteinte alvéolaire pouvant perturber les échanges gazeux.
Diagnostic infirmier – Asthme
Après avoir réalisé une évaluation complète, l’infirmier(ère) formule un diagnostic infirmier pour répondre aux besoins spécifiques du patient asthmatique. Ce diagnostic repose sur :
- le jugement clinique de l’infirmier(ère),
- la compréhension de l’état de santé particulier du patient.
Bien que les diagnostics infirmiers servent de cadre pour organiser les soins, leur utilisation peut varier selon le contexte clinique. Dans la pratique, l’étiquette de diagnostic exacte est moins importante que l’expertise clinique et la capacité à adapter le plan de soins aux besoins uniques du patient, en priorisant ses préoccupations et sa sécurité.
Objectifs infirmiers – Asthme
Les objectifs et résultats attendus pour un patient asthmatique peuvent inclure :
- Maintenir un schéma respiratoire efficace, avec une respiration détendue, une fréquence respiratoire normale et absence de dyspnée.
- Présenter des gaz sanguins artériels dans les limites normales.
- Ne pas présenter de cyanose ni d’autres signes d’hypoxie.
- Ne pas manifester de détresse respiratoire ni de complications associées.
- Améliorer la ventilation et l’oxygénation tissulaire, confirmées par des gaz sanguins normaux.
- Participer activement au traitement et aux mesures de soins dans la mesure du possible.
- Comprendre verbalement la cause de l’asthme et les principes de sa prise en charge thérapeutique.
Interventions infirmières et conduite à tenir dans la prise en charge de l’asthme
1. Évaluation clinique continue
- Surveillance des signes vitaux : mesurer la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, la tension artérielle et la saturation en oxygène (SpO₂).
- Auscultation pulmonaire : identifier les bruits respiratoires anormaux tels que les sibilances ou les râles.
- Évaluation de la dyspnée : noter la présence et l’intensité de la dyspnée, en particulier lors des activités physiques ou au repos.
- Mesure du débit expiratoire de pointe (DEP) : utiliser un débitmètre de pointe pour évaluer la fonction pulmonaire et détecter une obstruction des voies respiratoires.
2. Administration des traitements
- Médicaments bronchodilatateurs : administrer des bêta-2 agonistes de courte durée d’action (par exemple, salbutamol) pour soulager rapidement les symptômes.
- Corticostéroïdes inhalés ou systémiques : prescrire des corticostéroïdes pour réduire l’inflammation des voies respiratoires.
- Anticholinergiques : utiliser des anticholinergiques (par exemple, ipratropium) pour soulager les symptômes respiratoires.
- Oxygénothérapie : fournir de l’oxygène supplémentaire en cas d’hypoxie, selon les prescriptions médicales.
3. Positionnement et confort
- Position semi-assise : placer le patient en position semi-assise pour faciliter la respiration.
- Repos et réduction du stress : encourager le repos et minimiser les facteurs de stress pouvant aggraver les symptômes
4. Éducation thérapeutique du patient
- Reconnaissance des signes d’aggravation : enseigner au patient à identifier les signes précoces d’une crise d’asthme.
- Utilisation correcte des inhalateurs : former le patient à la technique appropriée d’utilisation des inhalateurs.
- Gestion des déclencheurs : informer le patient sur les facteurs déclenchants de l’asthme et les stratégies pour les éviter.
- Plan d’action personnalisé : élaborer un plan d’action pour la gestion des crises d’asthme, en collaboration avec le patient.
5. Prise en charge des situations d’urgence
- Reconnaissance des signes de gravité : être vigilant aux signes d’une crise d’asthme aiguë grave, tels que la cyanose, la confusion ou l’épuisement.
- Intervention rapide : administrer les traitements d’urgence prescrits et alerter l’équipe médicale si nécessaire.
- Préparation à l’intubation : en cas d’insuffisance respiratoire sévère, préparer le patient pour une éventuelle intubation et ventilation mécanique.
Conclusion
La prise en charge de l’asthme repose sur une évaluation clinique rigoureuse, des interventions infirmières adaptées et une éducation thérapeutique ciblée. Les infirmiers jouent un rôle clé pour assurer la sécurité, améliorer la ventilation et l’oxygénation, réduire l’inflammation des voies respiratoires et prévenir les exacerbations. En combinant surveillance, traitement médicamenteux, soutien émotionnel et enseignement des bonnes pratiques au patient, il est possible d’optimiser la qualité de vie et de réduire les complications liées à cette maladie chronique. Une prise en charge proactive et personnalisée reste essentielle pour chaque patient asthmatique.