Ce guide de soins infirmiers vous aidera à comprendre comment prendre en charge les patients ayant subi une arthroplastie. Vous y trouverez l’évaluation infirmière, les objectifs de soins, les interventions adaptées et les diagnostics infirmiers essentiels pour assurer une prise en charge sécurisée et efficace.
Qu’est-ce qu’une arthroplastie ?
L’arthroplastie est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer une articulation abîmée par une prothèse artificielle. Elle est indiquée lorsque l’articulation est gravement endommagée (arthrose, fractures complexes, malformations congénitales, instabilité) et que la douleur ou la perte de mobilité ne peuvent plus être soulagées par d’autres traitements. Les arthroplasties les plus fréquentes concernent la hanche et le genou. La prothèse peut être en métal, en polyéthylène ou une combinaison des deux. Elle est fixée à l’os soit avec du ciment chirurgical, soit avec un revêtement spécial permettant à l’os de se souder à la prothèse.
Plans de soins infirmiers et objectifs
Les soins infirmiers après une arthroplastie totale visent principalement à :
- Prévenir les complications postopératoires (infection, thrombose, luxation de la prothèse).
- Soulager la douleur et assurer le confort du patient.
- Favoriser une récupération fonctionnelle et une mobilité optimale.
- Éduquer le patient et sa famille sur la rééducation, les soins à domicile et les précautions à respecter.
Priorités en matière de soins infirmiers
Chez un patient ayant subi une arthroplastie totale (hanche, genou ou autre articulation), les soins infirmiers se concentrent sur :
- Soulager la douleur et mettre en place des stratégies adaptées (médicamenteuses et non-médicamenteuses).
- Prévenir les infections et favoriser une bonne cicatrisation de la plaie chirurgicale.
- Assurer la sécurité du patient, notamment en réduisant les risques de chute et de complications liées à l’immobilité.
- Encourager une mobilisation précoce et accompagner la rééducation pour restaurer progressivement la fonction articulaire.
- Surveiller les complications possibles comme la thrombose veineuse profonde (TVP) ou l’embolie pulmonaire (EP), et mettre en place des mesures de prévention.
- Éduquer le patient et sa famille sur les soins à domicile : gestion de la douleur, prise de médicaments, exercices, restrictions d’activité et signes d’alerte à surveiller.
Évaluation infirmière
L’évaluation repose sur l’observation et l’écoute du patient, en prenant en compte :
- Douleur et inconfort ressentis au niveau de l’articulation opérée.
- Œdème, ecchymoses ou décoloration autour du site chirurgical.
- Raideur articulaire et limitation de l’amplitude des mouvements.
- Faiblesse musculaire ou perte de contrôle moteur.
- Engourdissement ou fourmillements (signes neurologiques à surveiller).
- Difficultés dans les activités de la vie quotidienne (lever, marche, soins personnels).
Facteurs de risque et causes à surveiller
Certains facteurs peuvent compliquer la récupération après une arthroplastie :
- Fragilité des défenses primaires : plaie chirurgicale, exposition de la prothèse.
- Immunosuppression (corticothérapie prolongée, cancer, maladies chroniques).
- Procédure invasive avec implantation d’un corps étranger (prothèse).
- Immobilité prolongée entraînant douleur, raideur et complications thromboemboliques.
- Compression mécanique (pansements, attelles, plâtres) ou obstruction vasculaire.
- Traumatismes liés à la chirurgie et effets secondaires des traitements postopératoires.
Diagnostic infirmier
Chez un patient ayant subi une arthroplastie totale, le diagnostic infirmier permet d’identifier et de hiérarchiser les besoins prioritaires. Il prend en compte :
- Les problèmes actuels (douleur, mobilité réduite, risque infectieux).
- Les risques potentiels (chutes, complications circulatoires, retard de cicatrisation).
- Les réactions physiques et psychologiques du patient face à son état et à la chirurgie.
Ces diagnostics servent de base pour élaborer un plan de soins personnalisé, en guidant les interventions infirmières afin de répondre aux besoins spécifiques et de prévenir les complications postopératoires.
Objectifs infirmiers
Les soins visent à obtenir des résultats concrets et mesurables, tels que :
- Guérison de la plaie sans signes d’infection (pas d’écoulement purulent, pas de rougeur ni de fièvre).
- Maintien d’une position fonctionnelle, évitant les contractures et favorisant une bonne posture.
- Récupération progressive de la force musculaire et de la fonction articulaire grâce à la rééducation.
- Participation active aux activités de la vie quotidienne et au programme de réadaptation.
- Préservation des fonctions motrices et sensitives adaptées à la situation du patient.
- Perfusion tissulaire adéquate, avec des pouls palpables, une peau bien colorée et un remplissage capillaire normal.
- Contrôle efficace de la douleur, permettant repos, confort et sommeil réparateur.
Interventions infirmières et conduite à tenir après une prothèse totale (hanche, genou)
1. Prévention des infections
- Surveiller l’incision (rougeur, chaleur, écoulement, odeur, fièvre).
- Utiliser une technique aseptique lors des soins de plaie et des changements de pansements.
- Contrôler les drains chirurgicaux (quantité, aspect, élimination).
- Encourager une bonne hydratation et une alimentation riche en protéines pour favoriser la cicatrisation.
2. Mobilité et prévention des complications liées à l’immobilité
- Aider le patient à se mobiliser dès que possible (selon les recommandations médicales).
- Apprendre l’utilisation des aides à la marche (déambulateur, canne).
- Vérifier la circulation périphérique : chaleur, couleur, pouls, remplissage capillaire.
- Positionner correctement le membre (coussins d’abduction pour la hanche, alignement articulaire).
- Surveiller les signes de complications : douleur soudaine, gonflement, pâleur, difficultés motrices.
3. Gestion de la douleur et du confort
- Évaluer régulièrement l’intensité et les caractéristiques de la douleur.
- Administrer les analgésiques prescrits (opioïdes, AINS, relaxants musculaires).
- Appliquer des techniques non médicamenteuses : glace, relaxation, positionnement adapté.
- Donner les antalgiques avant la kinésithérapie ou les mobilisations.
4. Prévention de la thrombose veineuse profonde (TVP) et de l’embolie pulmonaire (EP)
- Administrer les anticoagulants prescrits et surveiller les paramètres de coagulation.
- Encourager les exercices de mobilisation des jambes (pompes de cheville, flexions légères).
- Mettre en place des bas de contention ou un dispositif de compression intermittente.
- Surveiller les signes d’alerte : douleur au mollet, œdème, chaleur locale, dyspnée.
5. Éducation du patient et de sa famille
- Expliquer les soins postopératoires : hygiène de la plaie, surveillance des signes d’infection.
- Informer sur les restrictions à respecter (pas de flexion excessive, pas de croisement de jambes après prothèse de hanche).
- Enseigner les exercices postopératoires à poursuivre à domicile.
- Conseiller l’aménagement du domicile pour réduire les risques de chute.
- Expliquer les signes qui nécessitent une consultation urgente (fièvre, douleur intense, difficultés respiratoires, gonflement).
Conclusion
La prise en charge des patients ayant subi une arthroplastie totale repose sur une approche infirmière complète et personnalisée. Les soins doivent intégrer la prévention des complications, la gestion efficace de la douleur, la promotion de la mobilité et la rééducation précoce, tout en assurant la sécurité et le confort du patient. L’éducation du patient et de sa famille, ainsi que la collaboration avec l’équipe interdisciplinaire, sont essentielles pour optimiser les résultats fonctionnels et favoriser une récupération rapide. Grâce à des interventions ciblées et une surveillance attentive, les infirmières jouent un rôle clé dans le rétablissement et l’amélioration de la qualité de vie des patients après une arthroplastie.