Cancer du poumon : Diagnostic Infirmier & Plan de Soins

Ce guide complet de soins infirmiers est conçu pour aider les étudiants et professionnels à prodiguer des soins efficaces aux patients atteints de cancer du poumon. Il fournit des informations claires sur l’évaluation infirmière, les interventions, les objectifs et les diagnostics infirmiers spécifiques au cancer du poumon.

Qu’est-ce que le cancer du poumon ?

Le cancer du poumon, ou carcinome bronchique, correspond à des tumeurs qui se développent dans le parenchyme pulmonaire ou les bronches. On distingue principalement deux types : le cancer du poumon à petites cellules (SCLC) et le cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC), ce dernier représentant environ 85 % des cas. Le NSCLC se divise en trois sous-types : adénocarcinome, carcinome épidermoïde (SCC) et carcinome à grandes cellules. Le SCLC se distingue des autres formes par ses caractéristiques biologiques et cliniques.

  • Adénocarcinome : le type de NSCLC le plus fréquent, issu des glandes muqueuses bronchiques, souvent observé chez les non-fumeurs.
  • Carcinome épidermoïde (SCC) : représente 25 à 30 % des cancers du poumon, se localise généralement dans les parties centrales du poumon et peut être associé à l’hypercalcémie.
  • Carcinome à grandes cellules : moins fréquent (10 à 15 %), il apparaît souvent comme une masse périphérique sur la radiographie thoracique.

Cette classification est essentielle pour comprendre la prise en charge spécifique et adapter les soins infirmiers à chaque patient.

Facteurs de risque et symptômes du cancer du poumon

Le tabagisme est la principale cause du cancer du poumon, étant responsable d’environ 90 % des cas. Au début du XXᵉ siècle, le cancer du poumon était rare, mais son incidence a fortement augmenté en parallèle avec la hausse du tabagisme chez les hommes et les femmes.

Le cancer du poumon ne présente pas de symptômes spécifiques au début. Les manifestations cliniques sont souvent dues aux effets locaux de la tumeur ou à ses métastases :

  • Toux persistante causée par la compression des bronches par la tumeur.
  • Symptômes neurologiques en cas de métastases cérébrales.
  • Syndromes paranéoplasiques, comme l’hypercalcémie, pouvant provoquer des calculs rénaux ou d’autres complications.

Plans de soins infirmiers et prise en charge

Les soins infirmiers pour les patients atteints de cancer du poumon combinent des interventions physiologiques et psychologiques. L’objectif est :

  • De soutenir la fonction respiratoire et gérer les manifestations respiratoires de la maladie.
  • De soulager la douleur et l’inconfort, améliorant ainsi le bien-être général.
  • De prévenir les complications et d’adapter les interventions aux besoins individuels du patient.

Les soins infirmiers impliquent une approche globale, incluant la surveillance des symptômes, l’administration des traitements prescrits et le soutien émotionnel pour aider le patient à faire face à la maladie.

Priorités en matière de soins infirmiers

Pour les patients atteints de cancer du poumon, les priorités de soins infirmiers incluent :

  1. Soulager les troubles respiratoires et améliorer l’oxygénation.
  2. Gérer les symptômes liés au cancer, comme la douleur, la toux et la fatigue.
  3. Réduire la fatigue et favoriser le repos.
  4. Apporter un soutien émotionnel au patient et à sa famille.
  5. Éduquer le patient sur sa maladie, les traitements et les stratégies de prévention des complications.

Évaluation infirmière

Lors de l’évaluation, il est essentiel de recueillir les données subjectives et objectives suivantes :

  • Respiration : dyspnée, fréquence et profondeur respiratoires modifiées, utilisation des muscles accessoires, toux inefficace.
  • Signes vitaux et oxygénation : hypoxémie, hypercapnie, cyanose.
  • État mental : agitation ou changements dans la conscience.
  • Bruits respiratoires anormaux à l’auscultation.

Facteurs contributifs à évaluer

Les infirmiers doivent identifier les causes possibles des manifestations respiratoires chez ces patients :

  • Sécrétions bronchiques abondantes ou épaisses.
  • Restriction des mouvements thoraciques due à la douleur ou à la fatigue.
  • Fatigue générale ou faiblesse liée à la maladie ou au traitement.
  • Facteurs post-chirurgicaux : incision thoracique, traumatisme tissulaire, perturbation des nerfs intercostaux, présence de drains thoraciques.
  • Invasion tumorale de la plèvre ou de la paroi thoracique, limitant l’expansion pulmonaire.

Diagnostic infirmier

Après une évaluation complète, l’infirmière formule un diagnostic infirmier pour identifier et traiter les problèmes spécifiques liés au cancer du poumon. Ces diagnostics se basent sur le jugement clinique et la compréhension de l’état unique de chaque patient. Bien que les étiquettes de diagnostic infirmier servent de cadre pour organiser les soins, leur utilisation peut varier selon la situation clinique. L’essentiel est que l’expertise et le jugement de l’infirmière guident le plan de soins pour répondre aux besoins spécifiques du patient et prioriser ses préoccupations.

Objectifs infirmiers

Les résultats attendus pour les patients atteints de cancer du poumon peuvent inclure :

  1. Amélioration de la ventilation et de l’oxygénation : les gaz sanguins artériels restent dans la norme.
  2. Absence de détresse respiratoire : le patient respire confortablement sans signes d’essoufflement ou de cyanose.
  3. Voies respiratoires dégagées : bruits respiratoires clairs, expectorations efficaces.
  4. Élimination des sécrétions : absence de signes d’aspiration.
  5. Gestion de la douleur : le patient signale un soulagement ou un contrôle efficace de la douleur.
  6. Repos et relaxation : le patient semble détendu, dort et se repose de manière adéquate.
  7. Participation aux activités : le patient peut réaliser ses activités quotidiennes et thérapeutiques selon ses capacités.

Interventions infirmières et conduite à tenir dans le cancer du poumon

1. Optimiser les échanges gazeux

  • Évaluer : fréquence, profondeur et régularité de la respiration ; utilisation des muscles accessoires ; signes de dyspnée ou cyanose.
  • Intervenir :
    • Encourager la respiration abdominale ou à lèvres pincées pour réduire la dyspnée.
    • Assister le patient dans l’utilisation d’un spiromètre incitatif pour prévenir l’atélectasie post-chirurgicale.
    • Positionner le patient en position semi-assise ou latérale pour améliorer la ventilation.
    • Administrer de l’oxygène selon les prescriptions médicales et surveiller les paramètres respiratoires.

2. Gérer la douleur et l’inconfort

  • Évaluer : intensité, localisation, type et facteurs aggravants de la douleur.
  • Intervenir :
    • Administrer les analgésiques prescrits, en tenant compte des effets secondaires potentiels.
    • Appliquer des techniques non pharmacologiques telles que la relaxation, la distraction ou la thérapie par la chaleur/froid.
    • Surveiller les signes de douleur aiguë ou chronique et ajuster les interventions en conséquence.

3. Maintenir la perméabilité des voies respiratoires

  • Évaluer : présence de toux, de sécrétions ou de signes d’aspiration.
  • Intervenir :
    • Encourager l’hydratation pour fluidifier les sécrétions.
    • Assister le patient dans la mobilisation des sécrétions par des techniques de toux contrôlée.
    • Utiliser des dispositifs d’aspiration si nécessaire, en respectant les protocoles d’asepsie.
    • Surveiller l’efficacité de l’élimination des sécrétions et les signes d’infection respiratoire.

4. Administrer les traitements médicamenteux et le soutien pharmacologique

  • Évaluer : compréhension du patient concernant ses traitements et leur objectif.
  • Intervenir :
    • Expliquer les effets attendus et les effets secondaires des médicaments.
    • Administrer les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie, thérapies ciblées) selon les prescriptions.
    • Surveiller les réactions indésirables et intervenir en cas de complications.
    • Collaborer avec l’équipe soignante pour ajuster les traitements en fonction de l’évolution clinique.

5. Réduire la peur et l’anxiété

  • Évaluer : niveau d’anxiété, de peur ou de détresse émotionnelle du patient.
  • Intervenir :
    • Écouter activement les préoccupations du patient et de sa famille.
    • Fournir des informations claires et adaptées sur la maladie et les traitements.
    • Encourager la participation à des groupes de soutien ou des séances de relaxation.
    • Orienter vers des services de soutien psychologique si nécessaire.

6. Fournir une éducation et une promotion de la santé

  • Évaluer : niveau de connaissance du patient sur sa maladie et ses traitements.
  • Intervenir :
    • Informer le patient sur les signes et symptômes à surveiller.
    • Enseigner les techniques de gestion de la toux et de la dyspnée.
    • Promouvoir un mode de vie sain, incluant l’alimentation, l’activité physique et l’arrêt du tabac.
    • Encourager le patient à participer activement à son plan de soins.

7. Soutien nutritionnel

  • Évaluer : état nutritionnel, habitudes alimentaires et présence de symptômes affectant l’alimentation.
  • Intervenir :
    • Collaborer avec un diététicien pour élaborer un plan alimentaire adapté.
    • Surveiller l’apport calorique et protéique, en particulier en cas de perte de poids.
    • Encourager des repas fréquents et de petites portions pour améliorer l’appétit.

8. Accompagnement en fin de vie

  • Évaluer : besoins spirituels, émotionnels et physiques du patient en fin de vie.
  • Intervenir :
    • Assurer une gestion adéquate de la douleur et des symptômes.
    • Fournir un soutien émotionnel au patient et à sa famille.
    • Collaborer avec l’équipe de soins palliatifs pour une prise en charge globale.

Conclusion

La prise en charge des patients atteints de cancer du poumon nécessite une approche infirmière complète et individualisée. L’évaluation attentive de la fonction respiratoire, la gestion de la douleur, le soutien psychologique et l’éducation du patient sont essentiels pour améliorer la qualité de vie et optimiser les résultats cliniques. Les interventions infirmières doivent être adaptées à chaque stade de la maladie et intégrer la prévention des complications, la promotion de l’autonomie et la collaboration avec l’équipe soignante. Une prise en charge holistique et centrée sur le patient permet non seulement de répondre à ses besoins physiques, mais aussi de soutenir son bien-être émotionnel et psychosocial tout au long du parcours de soins.