Hémothorax & Pneumothorax : Diagnostic Infirmier & Plan de Soins

Ce guide est conçu pour accompagner les soins infirmiers auprès des patients présentant un hémothorax ou un pneumothorax. Il fournit des informations essentielles sur l’évaluation clinique, les interventions infirmières basées sur des preuves, les objectifs de soins réalistes et les diagnostics infirmiers spécifiques à ces affections.

Qu’est-ce que l’hémothorax et le pneumothorax ?

L’hémothorax correspond à la présence de sang dans l’espace pleural, provenant de la paroi thoracique, du parenchyme pulmonaire, du cœur ou des gros vaisseaux. Il est le plus souvent causé par un traumatisme contondant ou pénétrant, mais peut aussi résulter de maladies sous-jacentes, de complications iatrogènes ou de cas spontanés.

Le pneumothorax se produit lorsque la plèvre pariétale ou viscérale est perforée, permettant à l’air d’entrer dans l’espace pleural. Normalement, la pression pleurale est négative pour maintenir le poumon gonflé. L’entrée d’air entraîne un affaissement partiel ou complet du poumon affecté, compromettant la ventilation.

Types de pneumothorax

  1. Pneumothorax simple (spontané) : Un pneumothorax simple survient lorsque de l’air pénètre dans l’espace pleural à travers une brèche dans la plèvre pariétale ou viscérale. Cela se produit souvent suite à la rupture d’une bulle pulmonaire ou d’une fistule bronchopleurale.
  2. Pneumothorax traumatique : Ce type apparaît lorsqu’une lacération du poumon ou une plaie de la paroi thoracique permet à l’air de s’échapper dans l’espace pleural. Il peut résulter d’un traumatisme contondant, d’un traumatisme pénétrant du thorax ou de l’abdomen, ou d’une déchirure diaphragmatique.
  3. Pneumothorax sous tension : Dans ce cas, l’air entre dans l’espace pleural à chaque inspiration mais ne peut plus en sortir lors de l’expiration. Il s’agit souvent d’une complication d’un autre type de pneumothorax. L’air piégé augmente la pression dans la cavité thoracique, entraînant un affaissement du poumon et une compression des structures thoraciques, ce qui peut rapidement mettre en danger la vie du patient.

Plans de soins infirmiers et gestion

La prise en charge infirmière des patients atteints d’hémothorax ou de pneumothorax se concentre sur le maintien de la fonction respiratoire, la prévention des complications et le soutien du patient.

1. Hémothorax :

Les soins visent à promouvoir la respiration efficace et à prévenir les complications liées au saignement. Les interventions peuvent inclure :

  • Surveillance des signes vitaux, de la saturation en oxygène et des bruits respiratoires.
  • Administration d’oxygène si nécessaire.
  • Assistance pour l’installation et la gestion d’un drain thoracique.
  • Administration d’analgésiques pour contrôler la douleur.
  • Surveillance des signes de choc ou de saignement.

2. Pneumothorax :

Les interventions ont pour objectif de soulager le pneumothorax, favoriser la réexpansion pulmonaire et prévenir les complications. Les actions infirmières peuvent inclure :

  • Aide à l’insertion et suivi du drain thoracique.
  • Évaluation régulière de l’état respiratoire.
  • Administration d’oxygène selon prescription.
  • Surveillance des signes vitaux et de la douleur.
  • Encouragement à la mobilité et aux exercices de respiration profonde.
  • Éducation du patient sur les signes de récidive ou de complications.
  • Priorités en matière de soins infirmiers
  • Maintenir des voies respiratoires dégagées et une ventilation adéquate.
  • Évaluer et gérer efficacement la douleur.
  • Soigner les plaies et prévenir les infections.
  • Prévenir et détecter les complications potentielles.
  • Informer le patient sur l’évolution de la maladie, le pronostic et les traitements.

Évaluation infirmière

Les signes et symptômes d’un hémothorax ou d’un pneumothorax varient selon la taille de l’épanchement ou de l’air accumulé et la cause sous-jacente.

  • Pneumothorax simple ou non compliqué : douleur thoracique légère, essoufflement minime, tachypnée, détresse respiratoire modérée.
  • Pneumothorax important ou sous tension : affaissement complet du poumon, détresse respiratoire aiguë, cyanose, distension de la veine jugulaire.
  • Hémothorax : tachypnée, respiration superficielle, diminution des bruits respiratoires à l’auscultation, percussion sourde du côté affecté, hypotension et tachycardie en cas de perte sanguine importante.

Éléments à évaluer :

Hémothorax :

  • Essoufflement et difficulté à respirer
  • Douleur thoracique aiguë ou sensation de pression
  • Diminution des bruits respiratoires du côté affecté
  • Percussion sourde à l’avant et à l’arrière (présence de liquide)
  • Saturation en oxygène réduite Signes de choc : hypotension, tachycardie, pouls faible, peau pâle et moite

Pneumothorax :

  • Douleur thoracique soudaine et aiguë
  • Essoufflement
  • Diminution ou absence de bruits respiratoires à l’auscultation
  • Hyperrésonance à la percussion (présence d’air)
  • Mouvement thoracique asymétrique
  • Cyanose et anomalies des gaz sanguins
  • Distension de la veine jugulaire (pneumothorax sous tension)

Facteurs à prendre en compte pour l’origine de la pathologie :

  • Accumulation d’air ou de liquide entraînant une diminution de l’expansion pulmonaire
  • Troubles musculo-squelettiques ou traumatismes thoraciques
  • Inflammation ou atteinte de la membrane alvéolo-capillaire
  • Dysfonctionnement ou dépendance à un système de drainage thoracique
  • Maladies ou blessures concomitantes
  • Manque de formation ou précautions inadéquates
  • Altération de l’intégrité pleurale
  • Présence d’un drain thoracique ou intervention chirurgicale récente (thoracotomie)

Diagnostic infirmier

Après une évaluation complète, l’infirmière formule un diagnostic infirmier pour identifier et traiter spécifiquement les problèmes liés à l’hémothorax ou au pneumothorax. Ces diagnostics reposent sur le jugement clinique et la compréhension de l’état particulier de chaque patient. Bien que les étiquettes de diagnostic puissent guider l’organisation des soins, leur utilisation peut varier selon le contexte clinique. En pratique, c’est surtout l’expertise de l’infirmière et son jugement qui déterminent le plan de soins, en tenant compte des besoins et priorités uniques du patient.

Objectifs infirmiers

Les objectifs et résultats attendus pour les patients atteints d’hémothorax ou de pneumothorax incluent :

  • Maintien d’un schéma respiratoire normal et efficace, avec des gaz sanguins artériels dans les limites normales.
  • Absence de cyanose ou d’autres signes d’hypoxie.
  • Expansion pulmonaire optimale, confirmée par la radiographie thoracique.
  • Échanges gazeux et fonction ventilatoire adéquats, reflétés par une fréquence respiratoire normale, un état mental stable et une orientation correcte à la personne, au lieu et au temps.

Interventions infirmières et conduite à tenir

Les soins infirmiers aux patients atteints d’hémothorax ou de pneumothorax visent à optimiser la fonction respiratoire, prévenir les complications et favoriser la récupération. Voici les principales interventions fondées sur les données probantes :

1. Améliorer le schéma respiratoire

  • Positionner le patient en position semi-assise (semi-Fowler ou Fowler) : cela facilite l’expansion pulmonaire et réduit la dyspnée.
  • Administrer de l’oxygène : l’oxygénothérapie aide à la réabsorption de l’air ou du sang dans l’espace pleural et améliore l’oxygénation.
  • Encourager les exercices de respiration profonde : utiliser un spiromètre incitatif ou des exercices de toux pour prévenir l’atélectasie et favoriser la réexpansion pulmonaire.

2. Surveillance et gestion du drain thoracique

  • Assister à l’insertion du drain thoracique : effectuée par le médecin pour évacuer l’air ou le sang de l’espace pleural.
  • Surveiller le système de drainage : vérifier les bulles dans la chambre d’eau (indiquant une fuite d’air), l’aspect du liquide drainé et la quantité.
  • Ne pas clampé le drain sans avis médical : le clampage peut provoquer un pneumothorax sous tension.
  • Assurer la perméabilité du drain : éviter les obstructions et maintenir un système clos pour prévenir les infections.

3. Soulager la douleur et l’anxiété

  • Évaluer la douleur : utiliser une échelle visuelle analogique ou numérique pour mesurer l’intensité de la douleur.
  • Administrer des analgésiques : prescrits par le médecin, en respectant les doses et les horaires.
  • Offrir un soutien émotionnel : informer le patient sur son état, répondre à ses questions et l’encourager à exprimer ses préoccupations.

4. Prévenir les complications

  • Surveiller les signes de choc hémorragique : hypotension, tachycardie, pâleur, sueurs froides.
  • Observer les signes d’infection : fièvre, rougeur, écoulement purulent au site d’insertion du drain.
  • Éviter les mouvements brusques : limiter les activités physiques intenses qui peuvent aggraver la condition.

5. Éducation du patient et de la famille

  • Expliquer le rôle du drain thoracique : son fonctionnement, les soins à apporter et les signes d’alerte.
  • Enseigner les techniques de respiration : comme la respiration diaphragmatique ou l’utilisation du spiromètre incitatif.
  • Informer sur les signes de récidive : dyspnée soudaine, douleur thoracique, cyanose, qui nécessitent une consultation médicale urgente.

Conclusion

La prise en charge des patients atteints d’hémothorax et de pneumothorax repose sur une évaluation rapide et précise, une surveillance continue et des interventions infirmières ciblées. Maintenir la perméabilité des voies respiratoires, assurer une oxygénation adéquate, gérer la douleur et prévenir les complications sont essentiels pour optimiser le rétablissement. L’éducation du patient et de sa famille, ainsi que la collaboration avec l’équipe soignante, jouent un rôle clé dans la prévention des récidives et l’amélioration de la qualité de vie. Une approche infirmière structurée et fondée sur des preuves permet de garantir des soins sécurisés, efficaces et adaptés aux besoins individuels de chaque patient.