Utilisez ce plan de soins infirmiers et ce guide de prise en charge pour accompagner efficacement les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Ce guide vous aidera à mieux comprendre l’évaluation infirmière, les interventions, les objectifs et le diagnostic infirmier, tous adaptés aux besoins spécifiques des patients après un AVC.
Qu’est-ce qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ?
Un AVC, également appelé attaque cérébrale, infarctus cérébral ou crise cérébrale, survient lorsqu’une zone du cerveau est privée de circulation sanguine normale, entraînant une altération rapide de ses fonctions. Cela peut être dû à une rupture d’un vaisseau sanguin (hémorragie) ou à une obstruction partielle ou totale (ischémie). L’ampleur des séquelles dépend de la rapidité avec laquelle la circulation cérébrale est rétablie. Même après récupération, environ la moitié des survivants présentent des handicaps permanents et peuvent avoir des récidives.
Les principales causes d’AVC sont la thrombose, l’embolie et l’hémorragie, la thrombose étant la plus fréquente, souvent associée aux accidents ischémiques transitoires (AIT). Les artères carotides et celles du système vertébrobasilaire sont les plus souvent touchées.
Les AVC se classent en deux types principaux :
- Ischémiques : causés par un blocage d’une artère cérébrale, par thrombose ou embolie, entraînant un déficit neurologique localisé selon la zone touchée.
- Hémorragiques : causés par la rupture d’un vaisseau cérébral, souvent due à l’hypertension, à l’angiopathie amyloïde ou à des troubles de coagulation.
Le système de classification des AVC, développé lors de l’essai multicentrique TOAST (Trial of ORG 10172 in Acute Stroke Treatment), divise les AVC ischémiques en trois principaux sous-types :
- Infarctus des grosses artères : souvent causés par des occlusions thrombotiques sur des plaques d’athérosclérose dans les artères carotides, vertébro-basilaires ou cérébrales, généralement proches des branches principales.
- Infarctus cardio-embolique : lié à des embolies provenant du cœur. Ce type est fréquent dans les AVC récurrents et présente le taux de mortalité le plus élevé dans le mois suivant l’accident.
- Infarctus de petits vaisseaux (ou lacunaires) : concerne de petites zones focales d’ischémie dues à l’obstruction de petits vaisseaux profonds, générant une pathologie vasculaire spécifique.
L’AVC est une cause majeure de handicap et figure comme la cinquième cause de décès aux États-Unis. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 15 millions de personnes subissent un AVC chaque année dans le monde, dont 5 millions décèdent et 5 millions restent handicapées de façon permanente.
Le pronostic après un AVC ischémique aigu varie selon la gravité de l’accident, l’état de santé du patient avant l’AVC, son âge et l’apparition de complications post-AVC.
Plans de soins infirmiers et prise en charge
Les objectifs des soins infirmiers pour un patient victime d’un AVC varient selon la phase de l’accident.
- Phase aiguë : priorité à la survie et à la prévention des complications. Les soins incluent :
- surveillance neurologique continue,
- soutien respiratoire,
- contrôle des signes vitaux,
- positionnement pour prévenir l’aspiration et les contractures,
- suivi des fonctions gastro-intestinales,
- électrolytiques et nutritionnelles,
- prévention des complications secondaires (ex. thromboses, infections, lésions cutanées).
- Phase post-aiguë et récupération : les soins se concentrent sur la rééducation et la restauration des fonctions, la prévention des récidives et le soutien émotionnel.
Priorités en matière de soins infirmiers
Pour les patients victimes d’un AVC, les priorités sont :
- Identifier et évaluer rapidement les signes et symptômes d’AVC.
- Activer les secours d’urgence et faciliter l’intervention médicale immédiate.
- Surveiller et stabiliser les signes vitaux et l’état neurologique.
- Coordonner les examens diagnostiques (scanner, IRM) pour confirmer le type d’AVC.
- Mettre en œuvre les traitements urgents, comme la thrombolyse ou la thrombectomie, si indiqués.
- Fournir des soins de soutien pour limiter les complications et favoriser la récupération (pression artérielle, prévention des lésions secondaires).
- Collaborer avec l’équipe de santé pour établir un plan de soins personnalisé.
- Faciliter la rééducation (kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie) pour restaurer les fonctions.
- Informer le patient et la famille sur les facteurs de risque et la prévention des AVC futurs.
Évaluation infirmière
Lors de la prise en charge d’un patient victime d’un AVC, l’infirmier(ère) doit évaluer à la fois les données subjectives et objectives pour identifier les besoins spécifiques. Ces évaluations reposent sur les indices et observations cliniques détaillés dans la section « Interventions et actions infirmières », tels que les signes neurologiques, moteurs, cognitifs et vitaux.
Diagnostic infirmier
Après cette évaluation complète, l’infirmier(ère) établit un diagnostic infirmier qui cible les problèmes liés à l’AVC, en se basant sur son jugement clinique et sa compréhension de l’état particulier du patient.
- Les diagnostics infirmiers servent de guide pour organiser les soins, mais leur utilisation peut varier selon la situation clinique.
- Dans la pratique, l’expertise et le jugement clinique de l’infirmier(ère) sont essentiels pour adapter le plan de soins aux besoins uniques du patient, en priorisant ses préoccupations et sa sécurité.
En résumé, le diagnostic infirmier ne se limite pas à une étiquette : il constitue un outil dynamique pour orienter les interventions et assurer une prise en charge personnalisée et sécurisée.
Objectifs infirmiers après un AVC
Les objectifs infirmiers visent à restaurer, maintenir et optimiser les fonctions du patient tout en prévenant les complications. Ils peuvent inclure :
- Fonction neurologique et motrice :
- Maintenir ou améliorer le niveau de conscience, la cognition, et la fonction motrice et sensorielle.
- Maintenir ou augmenter la force et la fonction des membres affectés ou compensatoires.
- Prévenir les contractures et le pied tombant en assurant une position fonctionnelle optimale.
- Signes vitaux et complications :
- Maintenir des signes vitaux stables et prévenir l’augmentation de la pression intracrânienne.
- Éviter la détérioration ou la récidive des déficits.
- Soins de réadaptation et autonomie :
- Utiliser des techniques pour reprendre les activités quotidiennes.
- Participer aux activités de rétablissement et de réadaptation.
- Effectuer les soins personnels dans la mesure des capacités.
- Peau et intégrité corporelle :
- Maintenir l’intégrité cutanée et protéger le côté affecté contre les blessures.
- Prévenir les subluxations de l’épaule et les syndromes épaule-main.
- Communication et cognition :
- Comprendre les problèmes de communication et établir des méthodes pour exprimer ses besoins.
- Interagir de manière appropriée avec l’environnement et ses proches.
- Bien-être psychologique et social :
- Exprimer ses sentiments et utiliser des ressources pour gérer les besoins psychologiques.
- Reconnaître les déficiences et adopter des stratégies pour compenser la négligence unilatérale.
- Activité physique et tolérance :
- Participer aux exercices prescrits et augmenter progressivement l’activité selon la tolérance.
- Identifier et signaler tout symptôme indésirable lié à l’activité physique.
- Soutien familial et ressources :
- Identifier les ressources personnelles et communautaires disponibles.
- Les proches apprennent à soutenir le patient dans la marche, les transferts et les soins quotidiens.
En résumé, les objectifs visent à assurer la sécurité, restaurer les fonctions, promouvoir l’autonomie et améliorer la qualité de vie du patient après un AVC.
Interventions infirmières et conduite à tenir en cas d’AVC
1. Évaluation initiale et surveillance clinique
- Évaluation neurologique urgente : Utiliser l’échelle NIHSS (National Institutes of Health Stroke Scale) pour évaluer l’état neurologique du patient dès l’admission.
- Surveillance des signes vitaux : Contrôler la tension artérielle, la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène, la température corporelle et la glycémie.
- Évaluation de la conscience et de la vigilance : Observer les niveaux de conscience et de vigilance, en notant toute altération.
2. Prise en charge des voies respiratoires et de la circulation
- Assurer la perméabilité des voies respiratoires : En cas de troubles de la conscience, placer le patient en position latérale de sécurité et administrer de l’oxygène si nécessaire.
- Stabilisation hémodynamique : Maintenir une pression artérielle optimale selon les protocoles en vigueur.
3. Prise en charge spécifique selon le type d’AVC
AVC ischémique
- Thrombolyse intraveineuse : Si le patient est éligible, administrer le traitement thrombolytique dans les 4,5 heures suivant l’apparition des symptômes.
- Thrombectomie mécanique : En cas d’AVC ischémique aigu avec occlusion proximale, envisager une thrombectomie mécanique si réalisée dans les délais appropriés.
AVC hémorragique
- Contrôle de la pression artérielle : Maintenir une pression artérielle cible pour prévenir l’expansion de l’hématome.
- Surveillance neurologique : Évaluer régulièrement l’état neurologique pour détecter toute détérioration.
4. Prévention des complications
- Prévention des complications liées à l’immobilisation : Mettre en place des mesures pour prévenir les escarres, les infections urinaires et les troubles thromboemboliques.
- Soins de la peau : Assurer une hygiène rigoureuse et un positionnement adéquat pour prévenir les lésions cutanées.
5. Rééducation précoce et soutien psychologique
- Collaboration interdisciplinaire : Travailler en étroite collaboration avec les physiothérapeutes, ergothérapeutes et orthophonistes pour initier la rééducation dès que possible.
- Soutien émotionnel : Offrir un soutien psychologique au patient et à sa famille pour les aider à faire face aux conséquences de l’AVC.
6. Éducation thérapeutique et prévention secondaire
- Éducation du patient : Informer le patient sur les facteurs de risque de l’AVC et les mesures préventives à adopter.
- Suivi post-AVC : Assurer un suivi régulier pour surveiller la récurrence des AVC et la gestion des facteurs de risque.
Conclusion
La prise en charge des patients victimes d’un AVC repose sur une intervention rapide, précise et coordonnée. Les soins infirmiers jouent un rôle central dans l’évaluation initiale, la surveillance neurologique et hémodynamique, la prévention des complications et la rééducation précoce. Chaque intervention doit être adaptée à l’état clinique du patient et à la nature de l’AVC, qu’il soit ischémique ou hémorragique. L’éducation du patient et de sa famille ainsi que le soutien émotionnel sont essentiels pour favoriser la récupération et réduire le risque de récidive. Une approche intégrée, interdisciplinaire et centrée sur le patient permet d’optimiser les résultats, de maintenir l’autonomie fonctionnelle et d’améliorer la qualité de vie après un accident vasculaire cérébral.