Choc anaphylactique : Diagnostic Infirmier & Plan de Soins

En tant qu’infirmier(ère), il est crucial de connaître les plans de soins et les diagnostics infirmiers liés au choc anaphylactique pour prodiguer des soins rapides et efficaces. Ce guide présente une vue d’ensemble des symptômes, des interventions et des traitements pour prendre en charge ce type d’urgence médicale.

Qu’est-ce que le choc anaphylactique ?

Le choc anaphylactique est une réaction allergique sévère et potentiellement mortelle qui survient très rapidement après l’exposition à un allergène. Il résulte d’une réaction immunitaire intense (antigène-anticorps) provoquant une vasodilatation massive, une fuite capillaire et une contraction des muscles lisses. Cette réaction peut entraîner une détresse respiratoire, un collapsus circulatoire et, sans intervention rapide, la mort. Les déclencheurs courants incluent certains médicaments, vaccins, aliments (arachides, crustacés, œufs, lait), venins d’insectes, produits de contraste ou produits sanguins.

Plans de soins infirmiers et prise en charge

La prise en charge infirmière du choc anaphylactique repose sur une approche globale visant à stabiliser le patient et à prévenir les complications.

Priorités en soins infirmiers :

  • Assurer la perméabilité des voies respiratoires et soutenir la respiration.
  • Surveiller attentivement la circulation et les signes vitaux.
  • Administrer rapidement l’épinéphrine selon la prescription.
  • Mettre en place une réanimation liquidienne si nécessaire.
  • Administrer les autres médicaments prescrits (antihistaminiques, corticostéroïdes, bronchodilatateurs).

Évaluation infirmière dans le choc anaphylactique

Lors de la prise en charge d’un patient en choc anaphylactique, l’infirmier(ère) doit évaluer attentivement les signes et symptômes, à la fois subjectifs et objectifs, ainsi que les facteurs contributifs.

Signes et symptômes à surveiller :

  • Oppression ou douleur thoracique
  • Dyspnée, essoufflement ou respiration laborieuse
  • Cyanose, pâleur
  • Toux, enrouement, sifflements respiratoires
  • Utilisation des muscles accessoires pour respirer
  • Stridor ou bronchospasme
  • Tachypnée et tachycardie
  • Hypotension, choc
  • Diminution des pouls périphériques et du remplissage capillaire
  • Oligurie
  • Vertiges ou agitation

Facteurs contributifs et causes possibles :

  • Bronchospasme ou bronchoconstriction
  • Angio-œdème facial ou œdème laryngé
  • Déséquilibre ventilation-perfusion
  • Vasodilatation généralisée entraînant une baisse de la précharge et de la postcharge
  • Augmentation de la perméabilité capillaire avec déplacement liquidien
  • Manque de connaissance ou mauvaise interprétation des allergènes
  • Antécédents de réactions allergiques récurrentes

Cette évaluation permet de détecter rapidement les signes de détresse respiratoire et circulatoire, d’identifier les facteurs déclenchants et de guider les interventions immédiates pour stabiliser le patient.

Diagnostic infirmier dans le choc anaphylactique

Après une évaluation complète, l’infirmier(ère) formule un diagnostic infirmier pour répondre aux problèmes spécifiques liés au choc anaphylactique. Ce diagnostic guide l’organisation des soins et permet d’adapter les interventions aux besoins uniques du patient, en se basant sur le jugement clinique et la compréhension de son état de santé. L’utilisation de labels précis est moins importante que l’expertise et le jugement clinique pour élaborer un plan de soins efficace.

Objectifs infirmiers

Les résultats attendus pour le patient peuvent inclure :

  • Maintien d’un schéma respiratoire efficace, avec respiration détendue, rythme et profondeur normaux, et absence de bruits respiratoires anormaux.
  • Amélioration de la ventilation, sans essoufflement ni détresse respiratoire.
  • Stabilité hémodynamique, avec pouls périphériques forts, fréquence cardiaque entre 60 et 100 battements/min, pression artérielle stable (systolique <20 mmHg de la valeur de référence), débit urinaire >30 ml/h, peau chaude et sèche, et état mental alerte.
  • Compréhension et participation du patient et de ses proches concernant les réactions allergiques, la prévention, la prise en charge d’urgence, le transport d’épinéphrine ou autres dispositifs, l’information aux professionnels de santé, le port de bracelet/collier d’alerte médicale et la nécessité de consulter rapidement en cas de réaction allergique.

Interventions infirmières et conduite à tenir dans le choc anaphylactique

1. Assurer une perméabilité des voies respiratoires

  • Objectif : Maintenir une oxygénation adéquate.
  • Actions :
    • Surveiller la respiration et la saturation en oxygène.
    • Administrer de l’oxygène si nécessaire.
    • Préparer à une intubation en cas de détresse respiratoire aiguë.

2. Administrer de l’épinéphrine

  • Objectif : Inverser les effets de la réaction allergique.
  • Actions :
    • Administrer 0,3 à 0,5 mg d’épinéphrine intramusculaire (IM) chez l’adulte, selon les protocoles locaux.
    • Répéter la dose toutes les 5 à 15 minutes si nécessaire.
    • Surveiller les effets secondaires tels que l’hypertension ou l’anxiété.

3. Réaliser une réanimation liquidienne

  • Objectif : Restaurer le volume circulant et maintenir la pression artérielle.
  • Actions :
    • Administrer des cristalloïdes (par exemple, NaCl 0,9 %) en bolus de 10 à 20 ml/kg.
    • Surveiller la réponse clinique et ajuster le volume administré en fonction de l’état du patient.

4. Administrer des antihistaminiques et des corticostéroïdes

  • Objectif : Réduire l’inflammation et prévenir les récidives.
  • Actions :
    • Administrer des antihistaminiques H1 et H2 selon les prescriptions.
    • Administrer des corticostéroïdes pour prévenir les effets tardifs de l’anaphylaxie.

5. Surveiller les paramètres vitaux

  • Objectif : Détecter rapidement toute détérioration de l’état clinique.
  • Actions :
    • Mesurer la pression artérielle, la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire et la saturation en oxygène.
    • Surveiller le débit urinaire pour évaluer la perfusion rénale.

6. Éduquer le patient et sa famille

  • Objectif : Prévenir les récidives et promouvoir l’autogestion.
  • Actions :
    • Expliquer les signes et symptômes d’une réaction allergique.
    • Enseigner l’utilisation correcte d’un auto-injecteur d’épinéphrine.
    • Conseiller sur l’évitement des allergènes identifiés.
    • Encourager le port d’un bracelet ou d’un collier d’alerte médicale.

7. Collaborer avec l’équipe de soins

  • Objectif : Assurer une prise en charge multidisciplinaire.
  • Actions :
    • Communiquer efficacement avec les médecins, les pharmaciens et autres professionnels de santé.
    • Participer à la planification de la sortie et à la coordination des soins post-hospitaliers.

Conclusion

Le choc anaphylactique constitue une urgence médicale grave, potentiellement mortelle, nécessitant une intervention rapide et coordonnée. La compréhension des mécanismes physiopathologiques, des signes et symptômes, ainsi que des facteurs déclenchants, est essentielle pour tout professionnel de santé. En tant qu’infirmier(ère), l’évaluation rapide et précise du patient, la surveillance constante des paramètres vitaux, et la reconnaissance précoce des signes de détresse respiratoire ou hémodynamique peuvent sauver des vies.

Les interventions clés incluent la sécurisation des voies respiratoires, l’administration immédiate d’épinéphrine, le soutien hémodynamique par des perfusions liquidiennes, et l’utilisation d’antihistaminiques et de corticostéroïdes pour réduire l’inflammation et prévenir les récidives. La prévention des complications passe également par une éducation approfondie du patient et de sa famille sur l’identification des allergènes, l’usage correct des auto-injecteurs et la reconnaissance des signes d’alerte.

Une approche infirmière structurée et proactive, combinant évaluation clinique, interventions ciblées, éducation et collaboration avec l’équipe multidisciplinaire, permet d’améliorer significativement la sécurité et la qualité des soins. Maîtriser les plans de soins infirmiers et les diagnostics associés au choc anaphylactique est crucial pour réduire la morbidité, prévenir les récidives et garantir une prise en charge adaptée et sécurisée des patients à risque.