Infarctus du myocarde : Diagnostic Infirmier & Plan de soins

Les infirmières ont un rôle clé dans l’évaluation, la surveillance et la prise en charge des patients victimes d’une crise cardiaque. Ce guide présente les plans de soins infirmiers essentiels : comment évaluer le patient, quelles interventions mettre en place, quels diagnostics utiliser et comment organiser les soins pour assurer une prise en charge efficace après un infarctus du myocarde.

Qu’est-ce qu’un infarctus du myocarde ?

Un infarctus du myocarde (IM), aussi appelé infarctus aigu du myocarde (IAM) ou plus simplement crise cardiaque, correspond à la mort d’une partie du muscle cardiaque causée par un manque prolongé d’oxygène. La cause la plus fréquente est l’obstruction brutale d’une artère coronaire par un caillot sanguin formé après la rupture d’une plaque d’athérome. Cela réduit fortement, voire bloque, l’apport de sang et d’oxygène au cœur.

L’infarctus du myocarde fait partie du syndrome coronarien aigu (SCA), qui regroupe différentes situations liées à une diminution du flux sanguin vers le cœur :

  • Angine instable : douleurs thoraciques liées à une ischémie mais sans nécrose du muscle.
  • NSTEMI : infarctus sans élévation du segment ST à l’ECG.
  • STEMI : infarctus avec élévation du segment ST, souvent plus grave car il traduit une obstruction complète.

Les maladies cardiovasculaires restent aujourd’hui l’une des principales causes de décès dans le monde. Dans le cas de l’infarctus du myocarde, la rapidité de la prise en charge est cruciale, car près de la moitié des décès surviennent avant même l’arrivée à l’hôpital.

Types d’infarctus du myocarde

L’infarctus du myocarde (IM) peut être classé en plusieurs types selon son mécanisme, ses manifestations cliniques et les stratégies de traitement associées :

  • IM de type 1 : causé par une maladie coronarienne athérothrombotique, le plus souvent lié à la rupture d’une plaque d’athérome avec formation de caillot.
  • IM de type 2 : lié à un déséquilibre entre l’apport et la demande en oxygène, sans rupture de plaque (par exemple : anémie sévère, tachycardie, hypotension).
  • IM de type 3 : suspecté chez des patients présentant les symptômes typiques d’un infarctus mais qui décèdent avant qu’un dosage de biomarqueurs cardiaques puisse être réalisé.

Plans de soins infirmiers et prise en charge

Les soins infirmiers lors d’un infarctus aigu du myocarde ont trois grands objectifs :

  • Limiter les lésions cardiaques pour préserver la fonction myocardique.
  • Améliorer la circulation sanguine coronaire en favorisant la reperfusion.
  • Prévenir les complications immédiates et à long terme.

Les interventions consistent à réduire la demande en oxygène du cœur (repos, contrôle de la douleur, gestion du stress) et à augmenter son apport en oxygène (oxygénothérapie, médicaments comme les dérivés nitrés, bêta-bloquants, antiagrégants plaquettaires).

Un soulagement rapide de la douleur et une amélioration de l’ECG sont des signes positifs montrant que l’équilibre entre l’apport et la demande en oxygène s’améliore. La confirmation de la reperfusion se fait généralement au laboratoire de cathétérisme, où l’ouverture de l’artère bouchée peut être observée.

Priorités en matière de soins infirmiers

Chez un patient présentant un infarctus du myocarde, les infirmiers doivent se concentrer sur :

  • Le soulagement de la douleur.
  • La surveillance de la perfusion tissulaire et des paramètres vitaux.
  • La prévention et la détection précoce des complications (arythmies, insuffisance cardiaque, choc cardiogénique).
  • Le soutien psychologique et l’éducation du patient sur la maladie et les traitements.

Évaluation infirmière

Un patient victime d’un infarctus du myocarde (IM) présente généralement une douleur thoracique intense et persistante, parfois accompagnée d’essoufflement, de nausées, d’une sensation d’indigestion ou encore d’anxiété. On observe souvent une pâleur, une peau froide et moite, ainsi qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire. Ces manifestations sont liées à l’activation du système nerveux sympathique. Comme ces signes peuvent ressembler à ceux d’une angine instable, on utilise souvent le terme plus global de syndrome coronarien aigu (SCA).

Données subjectives et objectives à surveiller :

  • Douleur thoracique, parfois irradiant vers le bras, le cou, la mâchoire ou le dos.
  • Expressions faciales de douleur (grimaces).
  • Agitation ou changements du niveau de conscience.
  • Variations du pouls et de la tension artérielle.
  • Apparition de troubles du rythme cardiaque (arythmies).
  • Changement de la couleur et de l’humidité de la peau (peau pâle, moite).
  • Fatigue ou faiblesse généralisée.
  • Douleur récurrente à l’effort (angor d’effort).

Facteurs liés à la cause de l’IM :

  • Ischémie tissulaire due à l’occlusion d’une artère coronaire.
  • Déséquilibre entre l’apport et la demande en oxygène du muscle cardiaque.
  • Présence de zones myocardiques ischémiques ou nécrotiques.
  • Effets secondaires de certains médicaments (bêta-bloquants, antiarythmiques) pouvant aggraver l’état cardiaque.

Cette évaluation infirmière est essentielle pour identifier rapidement un infarctus, suivre son évolution et orienter les interventions afin de préserver la fonction cardiaque.

Diagnostic infirmier

Après une évaluation complète, l’infirmier(ère) doit poser un diagnostic infirmier pour identifier les problèmes spécifiques liés à l’infarctus du myocarde (IM).

Ce diagnostic repose sur le jugement clinique et permet de cibler les besoins prioritaires du patient afin d’organiser les soins de manière efficace.

Objectifs infirmiers

Chez un patient atteint de syndrome coronarien aigu (SCA), les objectifs principaux sont :

  • Soulager la douleur et éviter l’aggravation des lésions cardiaques.
  • Maintenir une bonne fonction respiratoire et une perfusion sanguine suffisante.
  • Réduire l’anxiété et soutenir le patient sur le plan émotionnel.
  • Favoriser l’adhésion aux soins et à l’éducation thérapeutique.
  • Détecter rapidement les complications pour intervenir à temps.

Résultats attendus

  • Le patient exprime une diminution de la douleur thoracique après administration des médicaments, présente une attitude plus détendue et adopte des techniques de relaxation.
  • Le patient reconnaît et exprime ses émotions, identifie les facteurs d’anxiété et utilise des stratégies adaptées pour les gérer.
  • Le patient maintient une stabilité hémodynamique (pression artérielle et rythme cardiaque dans les normes) et rapporte une amélioration de sa respiration et de sa tolérance à l’effort.

Ces objectifs guident l’action infirmière et permettent d’évaluer l’efficacité des soins, en centrant toujours la prise en charge sur la sécurité et le confort du patient.

Interventions infirmières et conduite à tenir après un infarctus du myocarde (MI)

Ces interventions visent à limiter les lésions cardiaques, améliorer la perfusion, soulager la douleur, réduire l’anxiété, favoriser la récupération et prévenir les complications.

1. Soulagement de la douleur, ischémie et amélioration de la fonction respiratoire

  • Évaluer la douleur thoracique (localisation, intensité, irradiation, durée) et ses caractéristiques.
  • Administrer les analgésiques prescrits (par exemple nitroglycérine, morphine) selon protocole, en surveillant les effets secondaires (chute de tension, dépression respiratoire).
  • Administrer de l’oxygène si nécessaire, notamment en cas d’hypoxie, pour améliorer l’apport en oxygène au myocarde.
  • Placer le patient dans une position confortable (dos relevé), dans un environnement calme, limiter les stimuli externes.

2. Surveillance des examens de laboratoire et diagnostics

  • Surveiller les biomarqueurs cardiaques (troponine, CK-MB, etc.) pour confirmer le diagnostic et évaluer l’étendue de la lésion.
  • Contrôler les électrolytes, fonction rénale, gaz du sang selon les prescriptions car déséquilibres peuvent entraîner arrhythmies ou compromettre la perfusion.
  • Suivi ECG et ECG répétés pour vérifier l’évolution, détecter arythmies, surveiller l’effet des médicaments.

3. Administration des traitements pharmacologiques

  • Donner les antiplaquettaires (aspirine, clopidogrel, etc.), anticoagulants ou thrombolytiques selon le protocole.
  • Administrer les bêta-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), nitrates, etc., pour réduire la charge de travail du cœur et améliorer la perfusion.
  • Surveiller les médicaments et leurs effets : tension artérielle, fréquence cardiaque, réactions indésirables.

4. Amélioration du débit cardiaque et prévention des complications

  • Surveiller le débit cardiaque manifesté par la perfusion périphérique : pouls, remplissage capillaire, coloration/extrémités des membres.
  • Observer signes d’insuffisance cardiaque ou de choc-cardiogénique : œdème pulmonaire, congestion pulmonaire (crépitants), difficulté respiratoire.
  • Maintenir un bilan hydrique (entrées/sorties), contrôler le poids quotidien pour évaluer surcharge liquidienne.

5. Tolérance à l’activité & mobilisation graduée

  • Limiter l’activité physique au début (repos strict) afin de réduire les besoins en oxygène du muscle cardiaque.
  • Progressivement, mobiliser : lever, s’asseoir, marcher selon tolérance, surveiller la réponse à l’effort (douleur, essoufflement, rythme cardiaque).

6. Réduction de l’anxiété & soutien psychologique

  • Reconnaître la peur, l’anxiété du patient ; offrir soutien verbal, écoute.
  • Enseigner des techniques de relaxation (respiration lente, visualisation, distraction).

7. Éducation du patient & enseignement

  • Expliquer la maladie, les traitements, et les signes avant-coureurs nécessitant attention médicale.
  • Donner des instructions claires sur les soins à domicile : restrictions d’activités, modifications de mode de vie (alimentation, arrêt du tabac), suivi des rendez-vous.

Conclusion

La prise en charge infirmière de l’infarctus du myocarde est une étape cruciale pour limiter les dommages cardiaques, améliorer la récupération et prévenir les complications graves. Grâce à une évaluation précise, une surveillance rigoureuse, des interventions adaptées et un accompagnement éducatif, les infirmières jouent un rôle essentiel dans le rétablissement et la qualité de vie des patients. Au-delà des soins techniques, l’écoute, le soutien psychologique et l’éducation thérapeutique permettent au patient et à sa famille de mieux comprendre la maladie, d’adhérer au traitement et d’adopter des habitudes de vie favorables à la santé cardiaque.