Utilisez ce guide de soins infirmiers pour accompagner les patients ayant subi une arthroplastie totale. Il vous aide à comprendre l’évaluation infirmière, les interventions, les objectifs et le diagnostic infirmier, adaptés aux besoins spécifiques de ces patients. Ce guide fournit toutes les informations nécessaires pour prodiguer des soins efficaces et sécurisés après une arthroplastie totale.
I. Qu’est-ce qu’une arthroplastie ?
Une arthroplastie est une chirurgie visant à remplacer une articulation gravement endommagée, douloureuse ou instable. Elle est souvent réalisée sur la hanche ou le genou, mais peut concerner d’autres articulations. La prothèse peut être en métal, en polyéthylène ou une combinaison, fixée avec du ciment ou conçue pour favoriser la croissance osseuse.
II. Plan de soins infirmiers et gestion
Les soins se concentrent sur la prévention des complications, le soulagement de la douleur, la promotion de la mobilité et l’information du patient sur son diagnostic, le pronostic et le traitement.
III. Priorités en soins infirmiers
Pour les patients ayant subi une arthroplastie totale, les principales priorités sont :
- Gérer la douleur et appliquer les interventions appropriées pour le soulager.
- Favoriser la cicatrisation et prévenir les infections au niveau de la plaie.
- Assurer la sécurité du patient pour éviter les chutes et les complications liées à l’immobilité.
- Encourager la mobilisation et la rééducation précoces afin de retrouver la fonction de l’articulation et limiter les complications.
- Surveiller les signes de complications comme la thrombose veineuse profonde (TVP) ou l’embolie pulmonaire (EP) et appliquer les mesures préventives.
- Informer le patient sur les soins à domicile, les médicaments, les restrictions d’activité et les signes de complications.
IV. Évaluation infirmière
Évaluer régulièrement les données subjectives et objectives :
- Douleur, gonflement, raideur et amplitude articulaire limitée
- Faiblesse ou perte de force musculaire
- Ecchymoses, engourdissement ou picotements autour de la zone opérée
- Difficultés pour réaliser les activités de la vie quotidienne
Facteurs à considérer :
- Défenses primaires compromises (peau abîmée, exposition de l’articulation)
- Défenses secondaires diminuées (immunosuppression, corticothérapie, cancer)
- Effets de la chirurgie et des procédures invasives, implantation de prothèse
- Mobilité réduite, douleurs musculo-squelettiques
- Interventions orthopédiques restrictives (attelle, plâtre), obstruction vasculaire ou immobilisation
- Facteurs biologiques, physiques ou psychologiques (spasmes musculaires, âge avancé, anxiété, maladies articulaires chroniques)
V. Diagnostic infirmier
Le diagnostic infirmier permet d’identifier et de hiérarchiser les besoins spécifiques du patient, ainsi que ses réactions face à des problèmes de santé réels ou potentiels. Il englobe les situations pouvant être prévenues ou gérées efficacement grâce à des interventions infirmières.
Après une évaluation complète, il est essentiel de formuler des diagnostics qui reflètent les problèmes actuels et potentiels du patient. Ces diagnostics servent ensuite de guide pour mettre en place des interventions ciblées et adaptées.
VI. Objectifs infirmiers
Les objectifs et résultats attendus pour un patient ayant subi une arthroplastie totale peuvent inclure :
- Guérison rapide de la plaie, sans écoulement, érythème ni fièvre.
- Maintien d’une position fonctionnelle et absence de contractures.
- Amélioration de la force et de la mobilité des articulations et des membres concernés, participation aux activités de rééducation et aux gestes de la vie quotidienne.
- Conservation des fonctions sensorielles et motrices dans des limites normales adaptées à la situation individuelle.
- Maintien d’une perfusion tissulaire adéquate : pouls palpable, remplissage capillaire rapide, peau chaude et couleur normale.
- Soulagement et contrôle de la douleur. Patient capable de se détendre et de dormir correctement.
VII. Actions Infirmières et Conduite à Tenir après Arthroplastie Totale
1. Gestion de la douleur
- Évaluer régulièrement la douleur avec des échelles adaptées (0–10, EVA, etc.).
- Administrer les analgésiques prescrits selon le protocole postopératoire.
- Appliquer des méthodes non pharmacologiques : positionnement, coussins, techniques de relaxation, application de glace si indiqué.
- Observer les effets secondaires des médicaments analgésiques et ajuster selon la tolérance du patient.
2. Soins de la plaie et prévention des infections
- Surveiller la plaie chirurgicale : rougeur, chaleur, écoulement, œdème.
- Changer les pansements stériles selon le protocole et en respectant les règles d’asepsie.
- Prévenir les infections par hygiène rigoureuse des mains et surveillance rapprochée.
- Informer le patient sur la surveillance de sa plaie à domicile et les signes d’alerte.
3. Mobilisation et prévention des complications
- Encourager la mobilisation précoce avec l’aide d’un kinésithérapeute si nécessaire.
- Mettre en place des mesures anti-chute : barrières de lit, aides à la marche, environnement sécurisé.
- Surveiller les signes de thrombose veineuse profonde (TVP) : douleur, gonflement, rougeur, chaleur.
- Mettre en œuvre les mesures prophylactiques : bas de contention, anticoagulants selon prescription, exercices passifs ou actifs pour les membres non opérés.
4. Surveillance et soins généraux
- Évaluer les fonctions vitales : température, pouls, tension artérielle, saturation.
- Observer la perfusion périphérique : couleur de la peau, remplissage capillaire, température des extrémités.
- Surveiller l’état neurologique et sensoriel : engourdissement, picotements, mobilité, force musculaire.
- Documenter toutes les observations pour permettre un suivi précis et une réévaluation régulière.
5. Assistance à la rééducation
- Assurer le soutien pendant les exercices passifs et actifs : flexion, extension, mobilisation de l’articulation.
- Encourager le patient à participer aux activités de la vie quotidienne selon ses capacités. Adapter les interventions selon la tolérance et l’évolution clinique.
6. Éducation et accompagnement du patient
- Informer sur les restrictions postopératoires : mouvements interdits, précautions à respecter pour la hanche ou le genou.
- Expliquer l’importance de la rééducation et de la mobilité progressive pour récupérer la fonction articulaire.
- Sensibiliser aux signes de complications : douleur intense, gonflement soudain, rougeur, fièvre. Promouvoir l’autonomie du patient dans la gestion de sa douleur et de ses soins à domicile.
7. Conduite à tenir en cas de complications
- Douleur intense ou persistante : réévaluer et signaler au médecin, ajuster la gestion analgésique.
- Saignement ou infection : appliquer les protocoles de soins d’urgence et notifier immédiatement le médecin.
- Gonflement ou rougeur suspecte : vérifier la TVP, signaler et prendre des mesures préventives.
- Chute ou risque de chute : sécuriser le patient, réévaluer l’environnement et ajuster l’aide à la mobilité.
VIII. Conclusion
La prise en charge des patients ayant subi une arthroplastie totale nécessite une approche infirmière complète et structurée, centrée sur la gestion de la douleur, la prévention des complications, la rééducation et l’éducation du patient. Grâce à une surveillance attentive, des interventions ciblées et un accompagnement adapté, l’infirmière joue un rôle clé dans la récupération fonctionnelle et le confort du patient.
En combinant évaluation clinique, plan de soins individualisé et communication efficace, les soins infirmiers permettent non seulement d’assurer la sécurité et le bien-être du patient, mais aussi de favoriser une récupération optimale et durable. La collaboration avec l’équipe médicale et le patient lui-même reste essentielle pour atteindre ces objectifs.